Le chapiteau / Le cirque stable
Le chapiteau, vaste abri de toile n’est d’abord rien de plus qu’une tente « plus grande », qui est le lieu de réunion d’une communauté. Il en a existé de tout temps : chez les populations nomades, chez les militaires, chez les chercheurs d’or, dans tout lieu où l’habitat est nomade ou temporaire.
C’est aux Etats-Unis que naît le premier chapiteau, avec une structure conçue pour le rassemblement de type « événementiel » et non pas « communautaire ». Ses dimensions sont importantes puisqu’il s’agit alors d’accueillir plusieurs centaines de personnes, et on y trouve les éléments architecturaux typiques du chapiteau : espace circulaire ou ovale avec coupole et mâts. Aux Etats-Unis ces vastes tentes servent principalement, dans la première moitié du XIXè siècle aux conventions, aux congrès politiques et aux manifestations culturelles.
Pourtant, en Europe, les troupes de cirque, qui sont à l’époque composées majoritairement d’acrobates et de voltigeurs, ne vont pas s’approprier tout de suite ce nouvel espace de représentation. Là encore, cela va se faire sur plusieurs décennies. Les artistes voyagent de cirque stable en cirque semi-stable (construction en bois démontable) jusqu’en 1870, le XIXème voit fleurir des cirques « en dur » un peu partout, on en compte plus de 70 en Union Soviétique. Et c’est aux Etats-Unis, où la culture du voyage est bien plus importante qu’en Europe, que le premier chapiteau de cirque apparaît en 1825. Les frères Howes voyagent d’état en état et y présentent des numéros d’équitation et d’acrobatie sous une toiture complètement en toile.
Progressivement donc, aux Etats-Unis d’abord, puis en Europe, les artistes circassiens vont s’approprier ce chapiteau de toile, qui leur permet une meilleure itinérance. « Les circassiens, qui se servent pour la première fois d’un chapiteau, en Europe ou aux Etats-Unis, s’inspirent, non pas des magnifiques tentes ottomanes, mais d’austères tentes militaires. Soit ils ignorent ces architectures temporaires brodées de motifs aux fils multicolores, soit ils ne connaissent que les tentes de couleur grise par tactique militaire, soit ils restreignent leur imagination à des façades en bois et toile. » [2] C’est vers 1870, que le chapiteau de cirque se pare de ses attributs définitifs : hauteur, couleurs, etc. Cela est dû en grande partie à l’arrivée des disciplines aériennes sur la piste (qui demandent une plus grande hauteur), mais également aux progrès techniques impressionnants qui ont été faits : toile plus légère, meilleure transportabilité, placement des mâts.